dimanche 3 octobre 2010

Du débat au dialogue : comment se parle-t-on ?

Au cours d'un atelier de la Conférence Européenne de Coaching un atelier nous invitait à passer « Du débat au dialogue ».

L'animatrice(*) nous suggérait de considérer deux axes : la conviction (Advocacy) et l'enquête (Inquiry), et donc 4 modalités de collaboration possibles :
  • le retrait, dans lequel je n'exprime pas mon point de vue et ne vais pas chercher celui d'autrui
  • le débat, centré sur un objectif de conviction (souvent symétrique)
  • l'interview, qui permet de recueillir l'expérience et le point de vue d'une ou plusieurs personnes sans pour autant les relier, ni s'impliquer soi-même
  • le dialogue, qui réunit les deux dans une optique constructive, et surtout de recherche en commun d'une réalité à construire, et non d'une vérité qui serait détenue par l'un des participants..
Le dialogue est alors une occasion d'offrir son expérience et son point de vue, tout en s'intéressant sincèrement à ceux des interlocuteurs. En explorant les conditions nécessaires pour que ce processus soit réellement vivant et constructif, nous en sommes revenus à des qualités humaines fondamentales :

  • reconnaître que nous pouvons faire cohabiter ma vérité et votre vérité
  • donc pouvoir admettre que ce que vous me dites est vrai, quand vous me parlez de vous et de votre expérience, même si mon expérience ou mes croyances sont autres,
  • oser partager non seulement mon opinion, mais aussi mes doutes, mes craintes, mes rêves,
  • savoir poser des questions utiles (sur le fond et dans leur forme, et c'est tout un art, j'y reviendrai sans doute)
Le fondateur de l'Ecole Parisienne de Gestalt, Serge Ginger, aime rappeler que les étudiants des textes judaïques sont invités à les étudier ensemble et les commenter jusqu'à ce qu'ils ne soient plus d'accord, Mais il ne s'agit pas de générer du brouhaha, mais au contraire expliciter et clarifier les divergences. C'est une belle leçon d'humilité, et peut-être un ingrédient utile dans nos réunions, où nous croyons à tord qu'il faut trouver (trop) vite la décision qui génèrera le moins d'opposition, au lieu d'être réellement créatifs

En conclusion (provisoire) de ce vaste sujet, convenons de l'intérêt d'utiliser les quatre secteurs, et pas uniquement le dialogue. L'interview, le débat sont utiles à la vie de l'entreprise (et en société démocratique) et le retrait souvent nécessaire au manager qui doit parfois décider seul. Encore faut-il en être conscient pour les enchaîner à bon escient.

Ce thème m'est évidemment cher, puisque l'échange de pratique (par exemple en codéveloppement professionnel) nécessite de faire repérer par les participants les différentes modalités d'échange dans un groupe professionnel, afin de repérer lesquelles sont les plus utiles selon les circonstances.

(*) Cet atelier était proposé par Lene Rønning-Arnesen, de Human Factors. Des billets à venir devraient s'inspirer d'autres beaux moments de cette rencontre, organisée par ICF à Paris en juin 2010, intitulée « Art & Science & Coaching »

1 commentaire:

  1. Bonjour
    Merci Thierry pour ce partage intéressant.
    J'accroche à un seul point en lien avec ce que l’animatrice appelle vérité.
    "reconnaître que nous pouvons faire cohabiter ma vérité et votre vérité"
    Je propose dire "ma réalité" ou "mon opinion" au lieu de "ma vérité" En principe si la chose est vraie, elle devrait être unique car la vérité n'est pas multiple. En plus si en fontion du temps ou des circonstances ma vérité change ce n'est plus une vérité.
    Bien de choses
    Jean Luc

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