En voici donc une première « pierre angulaire ».
Pour certains, collaborer relève des relations internes à l'organisation, et coopérer des relations inter-entreprises. Pour d'autres c'est l'inverse. On parle d'ailleurs de projets collaboratifs au sein des pôles de compétitivité, ou dans le monde de la recherche en général.
Si j'en crois le « Petit Robert », collaborer c'est travailler en collaboration, et la collaboration c'est l'action de collaborer ! Cela nous laisse des marges d'inspiration. Du côté de coopérer, il s'agit toujours de coopérer à quelque chose, agir et travailler conjointement. Conjointement ? Là encore nous pouvons imaginer bien des formes de coopération.
La coordination ne viendra pas à notre secours, car elle est simplement un agencement, une organisation, et ne dit rien des finalités ni de la dynamique collective. Pour illustration les cinq « mécanismes de coordination » décrits par Mintzberg [Structure et dynamique des organisations, Ed. d'Organisation 1998] : supervision directe, standardisation des résultats, standardisation des procédés, standardisation des qualifications, ajustement mutuel informel.
Je vous propose donc les définitions qui guident mon action, et que je vous invite à commenter.
1° Collaborer, c'est, entre professionnels d'une même organisation, s'attacher à produire ensemble un bien ou un service, idéalement dans des conditions qui conviennent à tous : conditions de travail, conditions économiques, impact sur le groupe lui-même et sur l'environnement.
S'attacher à : implique une certaine coordination relative au pourquoi et au comment, au sein même du collectif, sans compter exclusivement sur autrui pour définir objectifs et moyens. Cet « autrui » pourrait être un chef, un bureau des méthodes, un client exigeant...
Christophe Dejours a bien montré [Le facteur Humain, PUF, 1995] que même lorsque l’on prétend réguler la façon dont les gens « collaborent », à coup de procédures prédéfinies, c'est bien souvent leur capacité d'ajustement créatif (ce qu'il nomme le travail réel) qui rend le résultat possible malgré les aléas du monde réel, justement..
Ce travail collectif sur « le pourquoi et le comment » est la condition de la mobilisation de l'intelligence collective, ce qui permet de relier ce que l'on fait à qui l'on est, individuellement, et en tant que groupe. Je reviendrai un jour sur les objectifs que peut se donner un groupe.
2) Coopérer, c'est, entre organisations, ou entre équipes, pratiquement la même chose : se rencontrer avec suffisamment de transparence pour être capables de définir des buts communs, y investir de l'énergie (du temps, de l'argent...), choisir des modes de régulation, et aboutir à un résultat satisfaisant.
Je vois bien que j'utilise encore un terme qui peut soulever des interrogations, « résultat satisfaisant ». Alors je risque une définition subsidiaire : = qui permette à tous de se réjouir !
Autant donc avoir pris le temps d'identifier - avant de se lancer dans l'aventure - que les raisons de se réjouir seront compatibles; S'il y a un gagnant et un perdant dans une pseudo alliance, ce n'est pas de la coopération.
Et c'est là que se justifie la conception que je vous invite à partager de l'innovation, qui relie collaboration interne et coopération externe :
3) Innover, c'est concevoir des processus de collaboration (entre individus, métiers, expertises...) qui permettent de créer du nouveau, dont la pertinence sera évaluée par l'environnement, qui se l'appropriera pour en faire... probablement autre chose, ce qui nécessitera donc de coopérer avec partenaires et clients pour coconstruire ce que ni les « créateurs » ni les « utilisateurs » n'avaient imaginé seuls.
Qu'en pensez-vous ?
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