La motivation serait-elle un miroir aux alouettes ? Méfions-nous du faux bon sens qui relie motivation et performance.
Le thème du billet précédent m'incite à ressortir un petit livre lu cette été avec intérêt :
« Théories de la motivation au travail », par Salvatore Maugeri.
Les définitions et théories sont questionnées, dans leur fond et dans leur processus de production, d'expérimentation, et de validation. Par exemple, autour de « l'école des relations humaines » de Mayo, dont les expériences fondatrices semblent avoir été largement manipulées pour leur faire dire quelque chose de marquant et "facile à vendre", à savoir l'idée qu'il suffit de montrer qu'on s'intéresse aux gens pour que leur productivité augmente, quelque soit l'action concrète que l'on entreprend..
L'auteur relève la facilité qu'ont les consultants et managers à s'approprier une théorie qui justifie leur comportement, et qui explique en partie pourquoi les modes du management ne suffisent pas à créer un lien réel entre les parties prenantes.
L'auteur n'oublie pas de nous alerter dès les premières pages sur la méprise qui entoure ce terme de motivation, et affirme qu'aucune étude scientifique n'a jamais prouvé de lien entre motivation et performance. Il nous invite à ne pas nous tromper de levier (p. 16) :
La motivation n'a rien de spécifique au travail. [...]Les managers auraient gagné beaucoup de temps et d'argent à diriger les recherches sur l’implication et les moyens de la développer, plutôt que sur la motivation et la satisfaction.
Ceci dit, le parcours historique et transdisciplinaire auquel nous invite S. Maugeri constitue une bonne remise en perspective des connaissances sur le sujet, depuis Taylor et Fayol, jusqu'aux apports récents des sciences cognitives ou économiques en passant par les psychosociologues. Je retiens aussi son invitation à plus mobiliser les sciences de la gestion, la systémique et les théories de la complexité au service de ces enjeux.